Mettre en lumière le métier de sage-femme.
- Eric Cayla

- 24 nov.
- 4 min de lecture
Leadership, gestion du stress et transmission. Un éclairage inspirant pour dirigeants et managers.
Avec Johanne et Chloé.
Donner à voir la réalité d’un métier essentiel : ce que les dirigeants peuvent apprendre du quotidien des sages-femmes
Le métier de sage-femme reste l’un des plus méconnus du paysage médical français. Pourtant, derrière ce titre héritier d’une longue histoire se trouve une profession hautement qualifiée : décision médicale, gestion de l’urgence, autonomie diagnostique, coordination pluridisciplinaire, leadership en situation de stress… autant de compétences critiques que tout dirigeant peut reconnaître comme des leviers de performance.
À l’occasion d’un échange préparatoire avec Johanne Drouillat et Chloé Chaulet, toutes deux sages-femmes, plusieurs enseignements émergent — non seulement sur leur métier, mais aussi sur la manière dont les organisations peuvent mieux soutenir, valoriser et développer des expertises aussi exigeantes.
Ces éléments nourriront l’épisode à venir de Good Morning Travail, enregistré le 23 octobre.
Comprendre un métier où l’humain reste au centre
La première réalité du métier de sage-femme, telle que le décrivent Johanne et Chloé, est la diversité des missions : salle de naissance, urgences gynécologiques et obstétricales, consultations, prévention, pédagogie auprès des étudiants… Chaque journée expose à des situations à forte intensité humaine, émotionnelle et médicale.
Johanne parle de sa première rédaction d’un certificat d’accouchement comme d’un moment profondément marquant. Chloé, ingénieure de formation, s’est réorientée après sa propre expérience de maternité, convaincue par la force du rôle d’accompagnement.
En filigrane, ce métier impose :
un sang-froid constant,
une capacité à analyser rapidement une situation instable,
une expertise théorique actualisée en permanence,
une grande agilité relationnelle.
Autant de dimensions que les dirigeants reconnaissent bien : prendre des décisions vitales dans un contexte incertain, tenir le cap sous pression, tout en assurant écoute, pédagogie et cohésion d’équipe.
Reconnaissance, statut et enjeux d’attractivité : un parallèle avec les organisations
Malgré la richesse du métier, Johanne souligne un paradoxe : la faible reconnaissance sociale, académique et salariale des sages-femmes. Bien que la profession soit médicale à part entière, avec droit de prescription et d’autonomie décisionnelle, elle souffre encore d’une perception floue dans le grand public.
Ce constat résonne avec des enjeux bien connus des dirigeants :
quand une expertise n’est pas reconnue à sa juste valeur, l’engagement s’érode ;
lorsque les parcours ne rendent pas visibles les responsabilités réelles, l’attractivité baisse ;
lorsqu’une fonction essentielle est perçue comme « allant de soi », le risque de surcharge croît.
Le métier bénéficie pourtant d’un véritable mouvement de vocation : de plus en plus de jeunes choisissent cette voie par conviction profonde. Encore faut-il que l’environnement permette de maintenir cette motivation intacte.
Les parcours internes y jouent un rôle clé : salle de naissance, échographie, suivi en libéral, prévention, recherche, enseignement… La profession offre une variété d’évolutions que beaucoup d’organisations pourraient envier.
Gestion du stress, solidarité et transmission : des pratiques inspirantes pour les managers
Si le métier est exigeant, il reste soutenable grâce à une dimension centrale : le collectif.
Johanne et Chloé évoquent la force de l’équipe, les échanges entre pairs, la capacité à débriefer après un événement difficile, et l’importance d’un regard réellement informé sur le métier. Elles insistent sur le fait que certains services de soutien, comme la médecine du travail, peinent à comprendre la spécificité émotionnelle et décisionnelle de leur quotidien.
Cette nécessité d’un soutien interne éclairé, d’une écoute experte, rappelle les fondamentaux d’un management exigeant :
comprendre la réalité du terrain pour être crédible ;
mettre en place des espaces de respiration après les moments de tension ;
soutenir les décisions prises sous pression ;
développer la montée en compétence par la transmission.
Car les sages-femmes sont aussi formatrices : accueillir les étudiants, les intégrer dans l’action, transmettre la bonne posture clinique et comportementale. Cette dimension pédagogique, très intégrée à leur pratique, constitue un levier fort de cohésion et de maintien du niveau d’exigence.
Maïeuticiennes, maïeuticiens : un métier en transformation
L’entretien rappelle également l’importance des termes. L’étymologie de “sage-femme” — celle qui a la sagesse de la femme — renvoie à un accompagnement technique autant qu’humain. Le terme “maïeuticien”, plus récent, ancre la profession dans une dimension médicale moderne.
Cette évolution terminologique traduit aussi une transformation du métier : plus de responsabilités, plus de connaissances théoriques, plus d’outils décisionnels. Le métier se professionnalise, se diversifie, mais reste parfois enfermé dans des représentations datées.
L’un des objectifs du podcast sera justement de lever ces idées reçues et de montrer comment ces professionnelles constituent un maillon stratégique des parcours de santé, avec un impact direct sur la qualité des soins, le ressenti des patientes, et la prévention.
En pratique : les enseignements à retenir pour les dirigeants
1. Reconnaître l’expertise réelle, pas seulement la fonction. Les sages-femmes assument une autonomie médicale forte ; toute organisation gagne à rendre visibles les responsabilités effectives de ses équipes.
2. Créer des espaces de débrief et de soutien entre pairs. Ce que décrivent Johanne et Chloé est un modèle de régulation émotionnelle utile dans tous les métiers à forte intensité.
3. Investir dans les parcours internes. Comme dans cette profession, la variété des missions fidélise, développe et sécurise les compétences.
4. Valoriser la transmission. L’accompagnement des étudiants en situation réelle montre comment la pédagogie peut devenir un moteur de performance collective.
5. Favoriser un management qui comprend le terrain. La crédibilité managériale naît de la compréhension fine des contraintes vécues au quotidien.
Sublica travaille régulièrement sur ces sujets : recruter, accompagner, et structurer des équipes performantes dans des environnements exigeants.

Conclusion
L’entretien préparatoire avec Johanne et Chloé met en lumière bien plus qu’un métier : une manière d’être au service, d’agir dans l’urgence, de prendre soin dans le sens le plus exigeant du terme. Les dirigeants y trouveront des enseignements précieux sur la valeur de l’expertise, la gestion du stress, l’importance du collectif, et la nécessité de reconnaître les responsabilités réelles de celles et ceux qui portent chaque jour des décisions essentielles.
L’épisode complet de Good Morning Travail donnera la parole à ces deux professionnelles passionnées, pour ouvrir un regard neuf sur un métier trop souvent réduit à des clichés alors qu’il incarne une véritable excellence.
🎙️ Pour écouter l’épisode : https://www.radioclapas.fr/portfolio/good-morning-travail/👉 L’article complet : https://sublica.fr/johanne-chloe/



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