Organisation sans salariés : un modèle fondé sur la confiance
- Eric Cayla

- 26 nov.
- 4 min de lecture

Un modèle fondé sur la confiance et la valeur, inspirant pour les dirigeants en quête de liberté et de performance.
Echanges avec Grégoire LONG
Libérer l’entreprise : ce que révèle le modèle sans salariés de Grégoire Long
La transformation du travail ne passe pas uniquement par la technologie ou les nouveaux modes de management. Elle passe aussi par des choix structurels forts. Le modèle développé par Grégoire Long, fondateur de l’agence Teaser, en est une illustration puissante : 18 ans d’activité… sans aucun salarié, avec une organisation reposant exclusivement sur des collaborateurs indépendants.
Un modèle atypique qui intrigue autant qu’il inspire. Car derrière cette forme se cache une vision exigeante de la liberté, de la responsabilité et de la confiance. C’est ce dont nous parlerons dans le prochain épisode de Good Morning Travail.
Un autre rapport à l’entreprise : la fin du salariat comme fondation
Teaser fonctionne selon un principe simple : pas de lien de subordination, seulement des compétences mises en commun pour répondre à un projet. Grégoire Long décrit volontiers son organisation comme un « groupe de musique » : chacun apporte son instrument, son style, son expérience, sans que personne ne dise à l’autre comment jouer.
Pour les dirigeants, ce modèle interroge frontalement la structure même de l’entreprise :
H2 — Une autorité décentralisée, fondée sur la compétence
Ici, l’autorité n’est pas liée au statut. Elle se définit par le centre de compétence : le développeur décide de ce qui relève du code, le créatif du design, etc.Le rôle de Grégoire n’est plus celui d’un chef d’orchestre traditionnel, mais d’un architecte d’écosystème : il apporte les clients, les locaux, les moyens… et garantit que les conditions du collectif sont réunies.
Cette approche crée un environnement dans lequel :
Les décisions sont prises là où la compétence est la plus forte.
Les collaborateurs sont responsables de la qualité de leurs livrables.
La performance dépend moins du contrôle et davantage de la confiance.
H2 — Transparence radicale et partage de la valeur
Dans un modèle sans salariés, la question financière peut devenir un sujet sensible… sauf si la transparence est totale.Chez Teaser, tout est partagé : les montants facturés, les gains de chacun, la part de valeur apportée par l’agence.
Ce fonctionnement renforce la cohésion et la loyauté au collectif :🔹 l’argent cesse d’être un tabou ;🔹 chacun se sent légitime dans sa contribution ;🔹 la confiance devient un actif au même titre que les compétences.
H2 — Le recrutement par les valeurs, pas par les CV
Ce modèle n’est soutenable que si l’équipe partage une vision commune :ne pas travailler uniquement pour l’argent, privilégier l’humain, chercher la liberté plutôt que le statut.
La stabilité de l’équipe (plus de 10 ans sans renouvellement majeur) illustre bien cette logique. Les freelances ne sont pas des prestataires interchangeables : ce sont des partenaires engagés, qui savent que la qualité du projet client conditionne la solidité du collectif.
Ce point rejoint une conviction portée depuis longtemps chez Sublica : la performance durable se construit avec des professionnels alignés sur les mêmes principes d’action, pas seulement sur des compétences techniques.
H2 — Un moteur d’innovation pour le client
À quoi ressemble la valeur livrée au client dans un modèle si libre ?À plus de créativité, plus d’audace, plus de qualité.
Car lorsque les collaborateurs choisissent leurs projets, qu’ils travaillent par envie et non par contrainte, alors :
les rendus sont portés par des profils seniors expérimentés ;
la relation client gagne en authenticité ;
le collectif peut emmener le client là où il n’aurait jamais osé aller.
Le client ne « voit » pas le modèle, mais en ressent directement les effets : résultat, fidélité, recommandation. Pour une petite structure, c’est un levier business essentiel : « les clients satisfaits sont nos meilleurs commerciaux ».
Une comparaison éclairante : l’expérience Radio Clapasse
En parallèle, Grégoire Long préside depuis des années Radio Clapasse, une structure plus traditionnelle avec salariés, conseil d’administration et fonctionnement associatif.
Cette dualité met en lumière deux visions du travail :
Le modèle agile, horizontal, fondé sur l’intelligence collective.
Le modèle institutionnel, plus hiérarchisé, plus lent à faire évoluer, surtout dans les organisations installées depuis plusieurs décennies.
Malgré ses tentatives d’apporter davantage de collectif, Grégoire a constaté les limites du modèle classique :cadres statutaires rigides, complexité décisionnelle, inertie culturelle.
Là où Teaser peut s’adapter instantanément, Radio Clapasse doit composer avec son histoire, ses processus, et une gouvernance associative formelle.
Cette comparaison souligne une question clé pour les dirigeants :votre organisation sert-elle encore votre projet… ou votre projet s’adapte-t-il à votre organisation ?
L’évolution du travail : vers des organisations plus libres et plus responsables
La discussion a naturellement glissé vers une question plus large : notre rapport au salariat n’est-il pas en train de changer profondément ?
Les signaux convergent :— montée du freelancing ;— recherche de sens et de liberté ;— rejet des structures pyramidales ;— émergence de modèles hybrides, comme celui d’Eric Cayla, également fondé sur un collectif d’indépendants.
Les entreprises qui réussiront demain seront celles capables de :
mobiliser des compétences expertes et autonomes ;
donner du sens au projet ;
créer un cadre propice à la coopération plutôt qu’à la subordination.
Le modèle de Grégoire Long n’est pas universel. Mais il questionne ce qui constitue l'essentiel :la manière dont l’entreprise crée de la valeur avec les personnes qui la font vivre.
En pratique : 4 pistes pour dirigeants qui veulent s’inspirer du modèle sans salariés
✅ Clarifier les centres de compétence : identifier qui décide de quoi, non par statut mais par maîtrise réelle.✅ Introduire un niveau de transparence renforcé : aligner les contributions, les attentes et la valeur apportée.→ Construire des relations contractuelles simples mais exigeantes : autonomie, responsabilité, engagement sur le résultat.✅ Recruter (et sélectionner) par les valeurs : privilégier l’état d’esprit avant la technique pour préserver la cohésion du collectif.→ Utiliser la confiance comme levier de performance, un principe éprouvé chez Sublica comme dans l’agence Teaser.
Conclusion
Le modèle sans salariés porté par Grégoire Long n’est pas une mode. C’est un signal fort sur ce que pourrait devenir le travail : plus autonome, plus collaboratif, plus orienté valeur. Un modèle qui demande de la maturité managériale, mais qui ouvre des perspectives puissantes pour les dirigeants cherchant plus de flexibilité, de sens et de performance.
Un sujet passionnant que nous approfondirons dans l’épisode à venir.
🎙️ Pour écouter l’épisode complet :https://www.radioclapas.fr/portfolio/good-morning-travail/



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